Le chancelier allemand Olaf Scholz a plaidé à Pékin pour « davantage » de coopération avec la Chine, malgré une défiance de l’Occident vis-à-vis de la deuxième puissance mondiale, et les deux pays se sont opposés à tout emploi de l’arme nucléaire en Ukraine.
« Nous ne sommes pas des partisans d’un découplage » des relations économiques avec la Chine, a-t-il déclaré avant un entretien avec son homologue Li Keqiang à Pékin. « Mais il est aussi clair pour nous que cela est lié à des relations économiques équitables, avec une réciprocité, à la question d’une ouverture réciproque aux investissements », a-t-il ajouté.
Très controversé, ce déplacement de quelques heures est le premier d’un dirigeant de l’Union européenne et du G7 en Chine depuis le début de la pandémie il y a près de trois ans. La visite, qui survient juste après la reconduction du président Xi Jinping à la tête du Parti communiste chinois et de son pays, est vue d’un oeil critique en Allemagne, mais aussi en France, à Bruxelles et Washington.
Influence sur Moscou
Peu avant, lors d’un entretien avec le président Xi Jinping, Olaf Scholz avait indiqué vouloir « développer davantage » la coopération économique avec Pékin, malgré les avertissements sur une trop forte dépendance de son pays vis-à-vis de la Chine. « Nous nous rencontrons à un moment de grandes tensions causées notamment par la guerre de la Russie en Ukraine », a souligné M. Scholz, alors que la Chine revendique sa neutralité vue par les Occidentaux comme un soutien tacite au Kremlin.
Le chancelier a demandé au président Xi de faire jouer « son influence » sur la Russie afin qu’elle mette fin à sa « guerre d’agression » contre l’Ukraine.
Renouant avec les visites en Chine de son prédécesseur, la démocrate-chrétienne Angela Merkel (12 voyages en 16 ans de pouvoir), le social-démocrate Scholz est **accompagné d’une délégation d’industriels, dont les patrons de Volkswagen et BASF.**Or, la dépendance de la première économie de l’UE à la Chine, où les entreprises allemandes réalisent une part importante de leurs profits, est de plus en plus remise en question.
La ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock s’est prononcée pour « ne plus dépendre d’un pays qui ne partage pas nos valeurs », au risque de se rendre « politiquement vulnérables au chantage ».
« La Chine et l’Allemagne doivent se respecter mutuellement » et « résister conjointement aux interférences » dans leur relation, a insisté Xi Jinping devant son invité. « Nous espérons que l’Allemagne poursuivra une politique positive à l’égard de la Chine », a-t-il M. Xi, cité par la télévision nationale CCTV.
« Malgré le ressentiment et la pression à l’encontre des politiques industrielles de la Chine », Olaf Scholz « semble décider de passer outre pour le moment », relève le politologue Shi Yinhong, de l’université Renmin à Pékin.
Ce déplacement « confère une légitimité internationale » à Xi Jinping et « montre que la Chine n’est pas isolée », indique Noah Barkin, chercheur au Fonds Marshall allemand à Berlin.