Une opération sous haute sécurité s’est déroulée en France. Du MOX, un combustible nucléaire contenant du plutonium fabriqué à partir de matériaux retraités, est arrivé dans la nuit de mardi à mercredi sur le port de Cherbourg, dans le département de la Manche au nord-est de la France. Ce chargement sera ensuite acheminé par mer vers sa destination finale le Japon. Des associations de défense de l’environnement ont vivement critiqué cette opération. Pour Greenpeace, ce type de transport est ainsi « scandaleux et dangereux ».
Ces substances très radioactives ont été transportées dans la nuit à bord de deux camions dans des emballages sécurisés, depuis l’usine Orano de La Hague, à 20 km de Cherbourg, jusqu’au port, a précisé l’entreprise. Le convoi est arrivé vers 03h45 sur le port.
Peu après 6h, un premier emballage de combustible a été chargé à bord du Pacific Egret, un bateau de la compagnie maritime britannique spécialisée PNTL (Pacific Nuclear Transport Limited) qui a « une longue expérience » de ce type de transport, selon Orano. La compagnie française et son client japonais, la firme Kepco, sont d’ailleurs actionnaire de PNTL.
Des forces armées de police britannique à bord du navire
Lors du précédent transport de MOX de Cherbourg vers le Japon, en septembre 2021, le bateau avait quitté le port dans l’après-midi qui avait suivi la matinée de chargement du combustible.
« Des forces armées de police britannique » se trouvent « à bord« , pendant le transport maritime qui doit durer un peu plus de deux mois, selon le groupe nucléaire.
Dans un communiqué, des associations de défense de l’environnement comme France nature environnement (FNE) ont dit « s’opposer au retour du plutonium » qui peut selon elles « contribuer à la prolifération de l’arme atomique« .
Le MOX est composé à 8% d’oxyde de plutonium et à 92% d’oxyde d’uranium, selon Orano.
« Dans un monde aujourd’hui extrêmement déstabilisé, en crise aussi bien avec la Russie qu’avec la Chine et Taïwan, transporter des matières aussi dangereuses d’un point de vue de la prolifération nucléaire est complètement irresponsable« , avait de son côté estimé fin août Yannick Rousselet de Greenpeace France.
Selon Orano, « le plutonium contenu dans le MOX n’est pas le même que celui utilisé par les militaires« .
Pour Greenpeace, « on peut parfaitement » fabriquer une bombe avec ce plutonium. Le plutonium est « le plus grand radiotoxique du monde« , selon l’organisation.
La justice a, sur requête d’Orano, interdit à quiconque d’approcher le convoi sous peine de sanctions financières. Le convoi qui acheminé le MOX avait été ainsi encadré par de nombreux véhicules des forces de l’ordre.
Selon Orano, le MOX est un combustible nucléaire qui permet le recyclage de combustibles usés. Il est fabriqué à partir de matières issues des combustibles irradiés dans les centrales pour fabriquer de l’électricité.
Il ne représente toutefois que 10% du combustible utilisé dans les centrales françaises, selon l’entreprise.
Le MOX en cours de chargement à Cherbourg a été fabriqué dans l’usine Melox d’Orano, dans le département du Gard, à partir de combustibles irradiés au Japon. Avant ce chargement, cinq avant été déjà opérés depuis le port normand.
En mai 2020, Orano avait signé un contrat avec la compagnie japonaise NFi portant sur la fabrication de « 32 assemblages combustibles MOX » destinés aux réacteurs 3 et 4 de la centrale nucléaire de Takahama, exploitée par Kepco. Les deux entreprises étaient déjà liées par un précédent contrat de même envergure.