L’Azerbaïdjan a affirmé avoir pris le contrôle de plusieurs positions et détruit des cibles arméniennes dans le Haut-Karabakh, lors d’une escalade qui a fait trois morts et ravivé le risque de guerre dans cette enclave montagneuse.
Ce mercredi, le ministère azerbaïdjanais de la Défense a annoncé la mort d’un soldat après que des « tirs nourris » ont visé une position de l’armée azerbaïdjanaise dans le district de Latchin, une zone tampon entre la frontière arménienne et le Haut-Karabakh.
Bakou dit avoir mené en représailles une opération baptisée « Vengeance », lors de laquelle « plusieurs positions de combat d’éléments armés arméniens illégaux ont été détruites. »
Deux membres des forces séparatistes arméniennes ont été tués et 14 blessés, ont déclaré de leur côté les autorités de l’enclave, dénonçant une « violation flagrante du cessez-le-feu. »
Ces incidents risquent aussi de peser sur les pourparlers de paix qui ont lieu depuis plusieurs mois entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, deux ex-républiques soviétiques rivales du Caucase, avec la médiation de l’Union européenne.
Appels à la désescalade
La Russie, qui a parrainé le cessez-le-feu ayant mis fin à la guerre de 2020 et a déployé une force de maintien de la paix au Karabakh, a accusé les forces azerbaïdjanaises d’avoir violé la trêve dans la zone de Saribaba.
Moscou, qui considère la région du Caucase comme son pré carré, prend des « mesures pour stabiliser la situation », a ajouté le ministère russe de la Défense dans un communiqué.
L’Union européenne a pour sa part appelé à la « cessation immédiate des hostilités ». « Il est essentiel de désamorcer, de respecter pleinement le cessez-le-feu et de revenir à la table des négociations pour rechercher des solutions négociées », a déclaré Peter Stano, le porte-parole du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, dans un communiqué.
Et Washington s’est dit « profondément préoccupé ». « Nous demandons à ce que des mesures soient prises immédiatement pour réduire les tensions et éviter une nouvelle escalade », a affirmé le porte-parole du département d’Etat, Ned Price.
Tensions récurrentes
Après une première guerre qui a fait plus de 30 000 morts au début des années 1990, l’Arménie et l’Azerbaïdjan se sont affrontés à nouveau à l’automne 2020 pour le contrôle du Haut-Karabakh, une région montagneuse qui, soutenue par Erevan, avait fait sécession de l’Azerbaïdjan.
Plus de 6 500 personnes ont été tuées dans cette nouvelle guerre perdue par l’Arménie.
Dans le cadre d’un accord de cessez-le-feu négocié par Moscou, qui a déployé des soldats de maintien de la paix au Nagorny Karabakh, Erevan a cédé d’importants territoires à l’Azerbaïdjan.
Cet accord de cessez-le-feu a été vécu comme une humiliation en Arménie, où plusieurs partis d’opposition réclament depuis la démission du Premier ministre Nikol Pachinian qu’ils accusent d’avoir fait trop de concessions à Bakou.
Malgré une timide détente diplomatique entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, les tensions restent fortes entre les deux ex-républiques soviétiques. Les deux pays font régulièrement état de flambées de violence et de victimes parmi les soldats.