France : l’impressionnante collection de jeux vidéo de la bibliothèque nationale

De prime abord, personne ne pourrait s’attendre à trouver des jeux vidéo dans les rayonnages de la plus grande bibliothèque de France. Et pourtant… En effet, outre ses collections de livres anciens, de films, de documents sonores, la Bibliothèque nationale de France (BnF) cache un trésor : une myriade de consoles de jeux vintage. Avec environ 20 000 objets vidéoludiques conservés, l’institution possède ainsi l’une des plus grandes collections du genre, un « patrimoine culturel à part entière » qu’elle préserve avec soin.

Pour accéder aux trésors vidéoludiques de la BnF, il faut se rendre dans l’une des quatre tours de la bibliothèque François-Mitterrand, à Paris. Avec l’escorte impérative d’un conservateur pour franchir les différents contrôles de sécurité.

Ces consoles et les jeux qui « tournent » sur ces support font partie de la collection Chrales Cros, forte de plus de « 1400 appareils d’enregistrement et de lecture de documents sonores, vidéo et multimédia« . Ce fond a été nommé en l’honneur de ce poète à qui est attribué l’invention du phonogramme.  

Ainsi, au milieu des gramophones et autre juke-box,  deux vitrines abritent une dizaine de consoles emblématiques de l’histoire du jeu vidéo, de l’Atari Lynx, à la Sega Saturne et à la surtout la très rare Magnavox Odyssey, la première console de jeux de salon commercialisée en 1972 aux Etats-Unis.

La collection recèle bien sûr des incontournables de l’histoire des jeux vidéo, comme la célèbre Game Boy de Nintendo, lancée en 1989 qui a été la première console portative à connaitre un succès planétaire.

La BnF ne pouvait non plus faire l’impasse sur la PlayStation de Sony, mise en vente sur le marché en 1994. L’entrée du géant japonais de l’électronique a été fracassante, plus de 100 millions d’exemplaires de cette première génération de console ont été écoulés. 

Une mine pour les chercheurs du futur

  « On conserve ces consoles pour donner aux futurs chercheurs, dans des dizaines voire des centaines d’années, à comprendre comment on pouvait jouer à ces jeux vidéo, quel était le matériel utilisé« , explique Laurent Duplouy, chef du service multimédias au département dédié de la Bibliothèque nationale de France.

« Pour la BnF, le jeu vidéo est aussi précieux que les autres types de documents conservés. On y porte la même attention, c’est un patrimoine culturel à part entière« , ajoute-t-il.

Mission encore assez confidentielle de la BnF, la collection et préservation du patrimoine vidéoludique s’expliquent par la loi sur le « dépôt légal » des documents multimédias, datant de 1992.

Si le texte ne mentionne pas directement les jeux vidéo, il a fait entrer dans ce dispositif de conservation les logiciels interactifs, et donc par extension les productions vidéoludiques. Chaque titre ou version de jeu doit être ainsi déposé à la BnF en deux exemplaires : l’un pour la conservation et l’autre pour la consultation.

Avec une équipe de 20 personnes dédiée à cette mission, des chargés de collection, des magasiniers et aussi des ingénieurs, la BnF parvient à récolter 2 000 documents de ce type chaque année.

Comment conserver des jeux dématérialisés ?

Après les consoles, direction quelques étages plus bas pour découvrir les milliers de jeux entreposés dans les galeries de conservation, plongées dans le noir à température constante de 19 degrés, et protégées de l’humidité.

Reconditionné dans des boîtes neutres, chaque jeu dispose de sa cote pour être indexé dans le catalogue général de la bibliothèque.

D’Adibou, le célèbre jeu éducatif, au premier opus de Tomb Raider, qui a fait connaître le personnage de Lara Croft dans le monde entier, en passant par les derniers épisodes du jeu d’aventure Assassin’s Creed, tous les genres sont représentés sur tous les supports possibles (cartouches, disquettes, CD-ROM,…).

Mais comment conserver éternellement ces jeux alors que les supports physiques se dégradent au fil du temps et que l’obsolescence technologique les menace ?

Grâce à la numérisation des jeux analogiques et les « émulateurs », ces logiciels développés par des communautés de passionnés de « retrogaming » qui permettent de jouer à des jeux anciens sur des ordinateurs récents, explique Laurent Duplouy.

« On a deux ingénieurs au sein du service multimédia qui font de la veille en permanence sur ces questions-là pour trouver les émulateurs, les faire fonctionner et les mettre en adéquation avec nos collections« , indique-t-il.

Autre enjeu à venir pour les conservateurs de la BnF : la dématérialisation des jeux (« cloud gaming ») qui s’impose de plus en plus comme le modèle vidéoludique dominant, à l’image du jeu phénomène Fortnite, accessible seulement en ligne sur une plateforme dédiée et via des mises à jour régulières.

« Nous sommes en négociation avec des éditeurs et certaines plateformes pour trouver le moyen d’arriver à récupérer des jeux en dépôt légal sous leur forme dématérialisée« , assure le responsable, admettant les limites techniques posées par ce nouveau modèle.

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